Lettre ouverte à Monsieur G.

Je m'excuse d'avoir été le déclencheur qui vous a fait sombrer dans la maladie. Je n'ai pas mesuré mon importance à vos yeux, j'ai minimisé ce que je vous apportait.  Je n'ai pas compris ce que vous vouliez me dire. J'avais une telle admiration pour vous.  Votre simplicité, votre intelligence, votre vision toujours tournée vers l'avenir, l'amélioration. Un travailleur acharné, dévoué pour ses patients. Un père attentif, un mari fidèle et dévoué. Un ami sincère.

Vous m'avez considérée comme une associée, vous m'avez élevée dans notre métier, vous m'avez impliquée dans toutes les décisions.  Vous avez été le témoin de ma souffrance discrète. Sachez que votre présence seule était déjà un réconfort.

Je garde de notre collaboration nos nombreux fous rires. 

Je me suis crue remplaçable, je n'ai pas compris que vous ne parliez pas que de mes compétences.

Je n'ai pas imaginé que mon absence allait vous être si dure.  Vous n'en n'avez rien laisser paraitre, fidèle à ce que vous aviez déjà l'habitude de porter seul.  Et, cependant, malgré la distance, vous étiez là pour m'encourager, me remonter le moral, me dire que je devais avoir confiance en moi, autant que vous. Vous qui m'avez permis de démarrer une nouvelle vie. Vous qui m'avez permis de faire les bons choix quand la fatigue m'aveuglait. Je ne vous ai rien rendu de tout cela. Je me rappelle cette phrase :"Vous êtes sûre Isabelle d'être plus heureuse en partant?" . Plus heureuse, non, je ne l'ai pas été, au final. Mais j'ai éliminé par l'exil des sources de blessures.  Vous avez pesé lourd dans ma balance. J'ai beaucoup hésité pour vous. Vous passiez au delà des étiquettes. Avec vous franchise et considération n'étaient pas que des mots. Votre épouse avait raison : vous étiez un homme hors pair. Vous avez toujours su dégager du temps pour moi. Vous avez été le confident neutre, l'ami qui m'a permis de tenir. Merci pour ça. Je vous le dis avec retard, mais oui, un grand merci pour votre comportement admirable en toute situation. 

Merci d'avoir été sur ma route. Vous êtes l'homme le plus intègre que j'ai pu rencontrer. 

Vous m'avez dit: "Vous méritez mieux Isabelle." Sachez que ce mieux...je ne l'ai jamais rencontré. J'ai cessé de le chercher. Chez tous les hommes que j'ai rencontré, il manquait toujours une dimension. Vous m'auriez comprise. Parce qu'à vous aussi il manquait une dimension dans l'amour que vous viviez. 

Vous me faisiez part de ce qui vous peinait, cherchant à comprendre comment gérer au mieux. 

Ces conversations à coeur ouvert, je ne les ai jamais retrouvées.  Nous avions une relation unique, que vous avez peut être identifiée avant moi. Merci à vous.  Merci aux valeurs que vous avez transmises. Merci à votre regard qui a su voir les qualités humaines avant tout. 

Il me plairait de vous revoir dans une autre dimension, respirant la joie de vivre comme à l'accoutumée. 

A jamais dans ma mémoire.